4 minutes 33 de musique ?

Modifié par Margot_dns

Visionnez l'interprétation de l'œuvre de John Cage intitulée 4mn33 qui se trouve dans la perle suivante.

Questions :

1. Décrivez l'entrée en scène du pianiste, et ses gestes jusqu'au début de l'exécution de l'œuvre. 

2. Par quoi êtes-vous surpris, dans cette œuvre ?

3. Selon vous, quelle interprétation pourrait en être donnée : quel sens cela a-t-il ?

4. Quel rapprochement pouvez-vous faire entre la démarche de John Cage en musique, et celles de Malevitch et Soulages en peinture ? 

Cette composition avant-gardiste de John Cage fut donnée pour la première fois au Maverick Concert Hall de New York, en août 1952, par le pianiste David Tudor. L'œuvre est composée en trois mouvements, tenant sur une page : la partition présente simplement, les uns en dessous des autres, les chiffres romains I, II, et III avec, sous chacun d'entre eux, la mention "TACET" (du latin tacere, se taire, usitée en musique pour signifier un long silence maintenu par un instrument), et détermine la durée totale de l'exécution à 4 minutes 33 secondes.

Or, si le silence est aussi nécessaire à l'audition des sons, dans l'exécution d'une composition musicale traditionnelle, que la lumière l'est à la réalisation d'une image picturale, une représentation du silence pur est-elle plus réalisable que ne l'est celle de la lumière à l'état pur ? 

Cette œuvre expérimentale, qui surprit un auditoire non préparé lors de sa première exécution publique, eut l'effet escompté par l'artiste : le silence absolu n'est pas plus réalisable que n'est atteignable le zéro absolu (-273 degrés Celsius). En effet, 4 minutes 33, c'est 273 secondes, durant lesquelles l'immobilité absolue n'est pas réalisable, de telle sorte que les sons dans la salle viennent agiter l'espace sonore.

Cette recherche de l'immobilité absolue est, finalement, une quête infinie : quand bien même aucun son ne nous proviendrait de l'extérieur, il resterait encore les propres sons de notre corps, de telle sorte que si le silence est l'élément de la musique, il constitue dans le même temps un élément que l'on ne peut qu'approcher, sans jamais l'atteindre. 

Or, John Cage était par ailleurs lecteur de philosophie zen, marqué par sa lecture du Yi King, un ouvrage d’oracles taoïstes, dont il avait entrepris de méditer les enseignements peu de temps avant de composer cette pièce. Outre la dimension, déjà rencontrée dans l'étude du jardin zen, du détachement et de l'immobilité, cet ouvrage l'amène à envisager l'aléatoire comme une loi de l'univers. C'est en vain que les hommes cherchent à lutter contre cette loi en domestiquant le monde : ils croient maîtriser ce qui, en réalité, leur échappe et les surpasse irrémédiablement. Cette dimension se manifeste dans l'exécution publique de l'œuvre, par le surgissement imprévisible des sons provenant du public, qui emplissent l'espace sonore.

Alors, selon vous : 4mn33, simple boutade, ou révélateur du monde ? 

Source : https://lesmanuelslibres.region-academique-idf.fr
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